Saint
Cyrille
d'Alexandrie
(380-444)
évêque,
docteur
de
l'Église
Commentaire
sur
l’évangile
de
Jean
5,2
(tr.
Pusey
I,
691-693)
«
Alors
le
ciel
s’ouvrit.
L’Esprit
Saint
descendit
sur
Jésus
»
Si
l'on
dit
que
le
Christ
a
reçu
le
Saint
Esprit,
c'est
en
tant
qu'il
s'est
fait
homme
et
en
tant
qu'il
convenait
à
l'homme
de
le
recevoir.
Sans
doute,
il
est
le
Fils
de
Dieu
le
Père
et
engendré
de
sa
substance,
et
cela
avant
l'incarnation
et
même
avant
tous
les
siècles.
Malgré
cela,
il
n'éprouve
aucune
tristesse
à
entendre
le
Père
lui
dire,
maintenant
qu'il
s'est
fait
homme
:
«
Tu
es
mon
Fils;
moi,
aujourd'hui,
je
t'ai
engendré.
»
Celui
qui
était
Dieu,
engendré
par
lui
avant
les
siècles,
le
Père
dit
qu'il
est
engendré
aujourd'hui
;
cela
signifie
qu'il
nous
accueille
en
lui
comme
des
fils
adoptifs,
car
toute
l'humanité
était
contenue
dans
le
Christ
en
tant
qu'il
était
homme.
En
ce
sens
on
dit
que
le
Père,
alors
que
son
Fils
possédait
déjà
son
Esprit,
le
lui
donne
de
nouveau
:
de
telle
sorte
que
nous
soyons
gratifiés
de
l'Esprit
en
lui.
Le
Christ
n'a
pas
reçu
l'Esprit
Saint
pour
lui-même,
mais
plutôt
pour
nous,
qui
étions
en
lui.
Car
c'est
par
lui
que
nous
parviennent
tous
les
biens.
Dimanche 11
janvier 2004
Baptême du Seigneur
Par le Père Jacques Fournier
Dans l'Eglise d'Occident, l'Epiphanie se réfère
principalement à la venue des Mages d'Orient à Bethléem,
même si les liturgies y évoquaient en même temps, le baptême
du Jourdain et les noces de Cana. Actuellement, la liturgie
latine romaine a repris l'antique tradition.
Dans les Eglises d'Orient, qu'elles soient catholiques ou
orthodoxes, l'Epiphanie, qui s'appelle aussi la Théophanie,
commémore le baptême de Notre-Seigneur par Jean le
Baptiste dans les eaux du Jourdain. C'est l'une des plus
grandes fêtes du calendrier des Eglises de rite byzantin
après Pâques et la Pentecôte. Elle célèbre la
manifestation publique du Verbe Incarné au monde.
Nous méditerons les textes de la liturgie latine de ce
dimanche du Baptême du Seigneur, à la lumière de la
tradition de l'Orient.
LES THEOPHANIES DU SEIGNEUR
Le venue des Mages n'est pas à proprement parler une
"théophanie", c'est-à-dire, une manifestation
publique de la Divinité de Jésus. Les Mages sont venus
conduits par la prophétie qui ouvre toutes les nations à
l'Alliance conclue avec le Peuple choisi. Les circonstances
de Bethléem, l'âge de l'enfant, leurs connaissance
doctrinales, sans doute, ne permettaient pas de leur révéler
cette présence divine parmi les hommes.
Autre est la lumière qui jaillit des trois théophanies
du Christ dans l'Evangile. Chacune d'elle est une révélation
et des affirmations explicites, de Jésus ou sur Jésus,
nous apportent toute une théologie de sa Divinité.
La première théophanie est celle du Baptême de Jésus
qui se déroule à l'endroit le plus bas de la Terre Sainte,
au fond de la dépression qui conduit à la Mer Morte. Nous
y revenons dans quelques lignes.
La deuxième se passe sur la montagne, "une montagne
élevée" précisent saint Matthieu 17. 1 et saint Marc
9. 2. La Transfiguration est encore plus parlante que le
baptême. Le visage du Christ est transfiguré et tout l'être
de Jésus devient lumière, faisant resplendir "la
connaissance de la gloire de Dieu qui est sur la face du
Christ" (2 Corinthiens 4. 6).
La troisième, plus discrète, se situe à Jérusalem même.
(Jean 12. 28 à 30) La foule médusée entend le tonnerre et
certains n'hésitent pas à dire : "Un ange lui a parlé."
Alors que Jésus évoque sa Passion, cette voix du ciel précisait
:"Je l'ai glorifié et je le glorifierai
encore"(Jean 12. 28).
Dans chacune de ces théophanies, la manifestation est
tout à la fois une manifestation d'humilité et une
manifestation de gloire. Au Thabor, Jésus lui-même annonce
sa Passion à Pierre, Jacques et Jean. Séparer ces deux
aspects du Christ est une erreur. Je ne puis m'approcher du
Christ glorifié sans m'approcher du Christ humilié, ni du
Christ humilié sans m'approcher du Christ glorifié.
LA THEOPHANIE AUX BORDS DU JOURDAIN
Ici l'aspect d'humilité consiste dans le fait que
Notre-Seigneur se soumet au baptême de pénitence de Jean.
Jésus n'avait pas à être purifié par lui. Mais le baptême
de Jean préparait au royaume messianique et Jésus, avant
de proclamer l'avènement de ce royaume, a voulu passer
lui-même par toutes les phases préparatoires de la
repentance, phases qui devaient être celles de ses
disciples comme elles doivent être les nôtres. Il confirme
un rite avant de le transformer. Il nous enseigne la nécessité
de la conversion.
L'aspect de gloire consiste dans les deux témoignages
qui sont alors rendus solennellement à Jésus. Le témoignage
de Jean et le témoignage divin du Père et de l'Esprit. Le
témoignage du Père, c'est la Parole venue du ciel :
"Tu es mon Fils bien aimé." Le témoignage de
l'Esprit est cette descente mystique et visible qui évoque
à Jean le Baptiste, le vol d'une colombe quand elle vient
se poser.
Ce dimanche du Baptême du Seigneur est vraiment la fête
de notre propre baptême. Nous étions probablement enfant
lorsque nous l'avons reçu. Il a fait de nous une nouvelle
créature par la réponse divine donnée à la foi de toute
l'Eglise qui nous accueillait. Grâce baptismale qu'il nous
faut confirmer par notre libre choix lorsque nous en
devenons conscients.
UNE THEOPHANIE DE LUMIERE
Le Père, le Fils et l'Esprit sont ainsi tous trois révélés
au monde lors de ce baptême, en même temps que se révèle
ce qu'il y a de plus intime et de plus profond dans le mystère
trinitaire et le mystère humano-divin de Jésus, c'est-à-dire,
la relation d'amour qui unit au Fils, le Père et l'Esprit-Saint.
Luc mentionne souvent cette action de l'Esprit dans la
vie de Jésus : son départ pour le désert (Luc 4. 1), son
retour en Galilés (Luc 4. 14), Jésus à Nazareth (Luc 4.
18) etc...
L'ancienne tradition grecque appelle cette fête "la
fête des lumières". Car la lumière divine est
manifestée dans la personne de Jésus-Christ, comme elle le
sera sur la montagne de la Transfiguration, comme elle le
sera dans l'éclat du tonnerre à Jérusalem.
Le baptême d'eau n'est qu'un aspect du baptême total
que nous recevons de Dieu. Jésus lui-même le dira à Nicodème
: "A moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut
entrer au Royaume de Dieu." (Jean 3. 5) C'est l'Esprit
qui nous introduit dans la relation d'amour qu'est la vie
trinitaire et nous y fait participer.
"Dans ton baptême au Jourdain, Seigneur, s'est
manifestée l'adoration de la Trinité. Car le voix du Père
Te rendait témoignage en te nommant Fils Bien-Aimé et
l'Esprit, sous la forme d'une colombe confirmait cette
parole inébranlable. Christ Dieu qui as paru et qui as
illuminé le monde. Gloire à toi !" "Tu es venu,
tu es apparu, lumière inaccessible." (Liturgie
byzantine)
***
Cette fête doit donc être pour nous l'occasion de
renouveler le baptême que nous avons reçu et de raviver la
grâce divine qu'il nous a conférée. "Nourris de ton
eucharistie et sûrs de ta bonté, nous te prions Seigneur,
accorde à ceux qui sauront écouter ton Fils unique de mériter
le nom de fils de Dieu et de l'être vraiment." (Prière
de la communion de ce jour)